Samy San's sculptures evoke the imagination of childhood and science fiction, and draw their sources from mainstream culture. His works are reminiscent of children's toys and models. Wooden cubes from the '70s, game components from the '90s, laboratory, hardware and plumbing parts, elements found on the street make up an ensemble of forms, all chosen on the same scale. Reclaimed, mottled or simply bought, they are then stripped, classified and arranged. A trained eye can bring out personal memories.
Samy San knows how to play with the viewer's gaze, as he is drawn in by elements he recognizes, yet finds himself unable to grasp them to play with. He inverts the desire to consume with the desire to look.
Most of the sculptures suggest a symmetrical, anthropomorphic silhouette. On the other hand, the artist makes do with a limited number of colors, just as manufacturers use only a minimum number of hues to create a palette that varies in brightness according to age. The artist extracts himself from the miniature world of childhood. He unveils an ecosystem that is no longer subject to the imperatives of age. His creations range in size from a few centimetres to two metres in height. He proposes the reign of play for all ages, or art for all.
Texte FR
Samy San par Marion Vasseur Raluy
Une référence au monde de l'enfance et aux dessins animés
Les références au monde de l'enfance, aux dessins animés japonais et américains et à la culture manga sont récurrentes. C'est sans doute à travers ses voyages au Laos, au Vietnam, en Chine, en Thailande et au Japon pendant deux années que s'est forgé ce gout et cette ouverture vers la culture asiatique.Dans le catalogue « Only make believe : ways of playing », la commissaire Marina Warner interpelle le pouvoir imaginatif des histoires que les enfants s'inventent et pose la question de savoir comment cette capacité s'exprime avant et au delà de la raison, au travers de fantasmes immoraux. L'imaginaire s'illustre chez l'artiste par des références concrètes au domaine de la science-fiction. Ses sculptures sont de petits personnages venus d'une planète lointaine. Elles empruntent leur silhouette à celles des robots ou des extraterrestres des films ou des livres, détentrices d'une utopie possible. Le spectateur garde le pouvoir de projeter sur elles une histoire dystopique ou chimérique. C'est aussi la possibilité d'éclosion d'une nouvelle société. L'imagination et la créativité ont souvent été synonymes de la croyance dans un monde meilleur.
Cette pratique obsessionnelle et faussement innocente ne pourrait-elle pas affilier un tel travail à l'Art Brut? Mais cela serait nier les nombreuses références à l'histoire de l'art. Il est aisé de reconnaître des emprunts à l'art moderne comme certaines œuvres qui rappellent Picasso ou Braque. D'autres sont des clins d'œil à des artistes spécifiques comme Matthew Barney dans sonfilm « Cremaster ». De même, les gammes de teintes rappellent le pop art et Ken Price.Tout en se référant à ces différentes périodes, Samy San s'en amuse et pose un regard malicieux sur l'art, il s'inscrit dans cette lignée d'artistes, qui sous couvert de simplicité et d'humour, va à l'encontre d'une certaine image de ce que doit être l'art, empreinte de sérieux et de prétention. Tout en respectant les différents courants traversés par l'histoire de l'art, il s'affranchit de ces derniers et propose à travers l'utilisation de sculptures aux allures de jouets une forme de langage universelle. Il s'agit pour lui avant tout d'offrir un ensemble de mondes possibles, où il est encore autorisé de réfléchir, d'imaginer et de construire sans jugement et sans restriction.